F&K - Merde de Cheval

Par-dessus Bord est une pièce de théâtre de 8 heures que j'ai eu la chance de voir dans l'une de ses rares représentations.
Le texte existe en version longue, brève, très brève et hyper-brève. Je suis en train de lire cette dernière.

L'histoire est celle d'une entreprise française de papier toilette qui se transforme pour faire face au marché américain, avec l'aide de consultants marketing.

- Qu'est-ce que vous vendez ?
- Qu'est-ce que je vends ?
- Oui
- Du papier toilette
- A quoi est-ce qu'il sert ?
- A quoi est-ce qu'il sert ?
- Oui
- A s'essuyer
- Quoi ?
- Le postérieur
- Après avoir fait quelle chose ?
- Comment ?
- Après avoir fait quoi ?
- Après avoir
- C'est difficile à venir hein ? Ca fait mal à extraire de la bouche comme ça fait mal de chier après des semaines de constipation mais votre boîte c'est de ça qu'elle est malade
- Vous vendez un produit distant abstrait
- Sans aucune vibration affective

Sur cette délicate entrée en matière, je voulais souligner la merveille qu'est le marketing.

- Monsieur Olivier je crois nécessaire d'avoir votre accord pour le règlement de cette note d'honoraires
- Qu'avez-vous Cohen ?
- Les bras m'en tombent monsieur
- Donohue & Frankfurter conseillers en marketing - silence - impossible ils se sont trompés d'un zéro monsieur Benoît regardez
- Ils sont fabuleusement chers ils ont raison
- Comment ?
- Puisqu'ils trouvent des gens comme moi pour payer

Bref. Malgré son nom provocateur, il semblerait que certains fumeurs chevronnés apprécient le Merde de Cheval. Il semblerait que son nom ait une origine tout sauf graveleuse. Il semblerait que ce tabac ne soit pas si cher que ça.

Alors, bon tabac au nom rigolo ou coup bas marketing sans intérêt gustatif ?





Regardons la boîte. Couleur cuir et or, pas moche. Lisons :
Merde de Cheval. Le meilleur Tabac besous le soleil. MARGO & Cie: Importateur et Melangeur de Tabac Supreme. Sous la supervision du Marquis Pierre de la Crotine.
Les approximations et le bon goût américains quoi. La France vue d'Outre-Atlantique.

Dans la boîte, toutes les couleurs de tabacs sont représentées. Ca sent l'anglais mais pas que. On m'avait parlé d'un Virginia/Latakia, ce qui est clairement un mensonge. Influencé par la boîte, on peut évidemment penser à des parfums d'écurie et de cuirs.

Je mets les mains, je prends des brins et je les broie pour les sentir. Du latakia, un peu. Un autre truc noir sans grosse fragrance, du black Cavendish non aromatisé ou du virginia étuvé ? Du burley aromatisé à quelque chose de sucré bizarre, un agrume ? Et du virginia un peu à l'étroit entre toutes ces brutes.

Ca donne un gros tabac brouillon qui  évolue en insistant sur les goûts de tannerie et de viande saurée, qui vous assurera une haleine bien pourrie. Les arômes de synthèse viennent foutre la pagaille sans intérêt évident. Pas de trace de chocolat, un bon point selon mes critères. Pas aussi doux qu'un bon latakié. Un rien d'amertume et pas d'agressivité. En même temps, vu la proportion de virginia...

Plutôt pour les amateurs aventureux des tabacs anglais avec du burley, cuirés et profonds, dont je ne suis pas. A la réflexion, je ne connais pas d'équivalent. Il y aurait bien le Bow-Legged Bear, mais il force trop sur le chocolat. Quant au Scotch Cut, il a ce côté terreux et minéral.

Bon, c'est pas la découverte du siècle heing.

Toute une review, comme d'habitude...  

Merci Évariste !  

Le nom lui-même ne donnait pas vraiment le goût de l'essayer mais on sait tous qu'un nom c'est parfais trompeur...

Maintenant, j'en suis certain !

Merci pour cette revue divertissante.

Quelqu'un saurait dire où l'on peut trouver de ce tabac?

En effet, merci beaucoup pour ta très belle et alléchante revue Evariste.
Comme toi Asmascega et après l'avoir goûté fortuitement grâce à Gaël, je rêve de m'en procurer mais, tout comme l'Escudo, il me semble qu'il n'est pas disponible sous nos latitudes et que, pauvres hères, nous soyons condamnés à faire sans...