L'arrivé du Zigouigoui

L'ami Scytale a une pipe Buttner dans sa collection.

Le coeur du système, comme le dit si bien la plaquette du constructeur peut en effet retrouver son état originel qu'on l'expose au feu, sur des charbons ardents ou à une flamme de gaz. Il redevient blanc, et on peut l'employer à nouveau.

Par contre, je suis moins sûr que la Pipe Buttner ménage grandement la langue, le coeur et le poumon, tout en étant une jouissance idéale pour le fumeur le plus exigeant même si en effet son filtre poreux, patenté plusieurs fois est composé d'une matière entièrement légère, d'une forme et d'une grandeur inconnues jusqu'ici.

Et ce pour une raison bien simple qui est liée à la matière qui le compose : une laine d'amiante peu compacte de la même nature que celle qui composait, à l'époque, les filtres utilisés pour les vins de table algériens, les gros rouges qui tachent, proposés à la vente en litres étoilés avec des noms évocateurs comme KIRAVI . . .

Croyez-moi sur parole, les abestos de l'ami de Brassens étaient beaucoup moins dangereuses pour leur propriétaire (mais pas pour les ouvriers qui les usinaient, ponçaient et polissaient) que ces fabuleux filtres aux fibres bien lâches et susceptibles, à tout moment, à la moindre aspiration, d'aller se ficher directement dans vos poumons ! ! !

Pour le vin, rassurez-vous, c'était un peu moins dangereux puisqu'on absorbait les fibres baladeuses par le tube digestif, beaucoup plus résistant de nature que nos floculeuses bronches. Et puis, par les bienfaits du progrès, le MARGNAT Village est apparu en bouteilles plastiques d'un litre et demi avec l'inscription salvatrice "Garanti filtré sans amiante". Le succès ne c'est pas fait attendre et c'est par camions citernes que ce nectar salvateur s'est déversé dans les gosiers du prolétariat . . .

Rassurez vous, un tel succès a permis à l'entreprise de survivre et si, de nos jours, on n'entend plus parler des c'est que l'entreprise, fièrement campée sur l'utilisation de bouteille plastique, après s’être appelée a définitivement opté pour l'appellation .

Ceci n'a pas été fait dans le but de sauver la réputation d'un hypothétique petit village du midi dénommé MARGNAT, Margnat est le nom du fondateur de ce fabuleux concept d'usine : M. Margnat, négociant à Marseille, avait créé une grande usine d'embouteillage, la plus moderne et la seule de France à mettre le vin sous embouteillage plastique. Pour vous fixer les idées : à un bout de la machine il y a deux entrées : le vin et le plastique en poudre. A l'autre bout la poudre est devenue bouteille, le vin est dedans et l'étiquette dessus.Quant-au vin lui même " Ce n'était pas un vin mais un produit réalisé en mélangeant vins du Midi et d'Algérie."

Non, tout simplement, M. Margnat a vendu son nom, ses marques et son « village » en août 1973. L'aura négative exprimée par le nom de Margnat a causé sa disparition, le caractère terroir, rassurant, de La Villageoise a assuré sa pérénité . . .