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Un ancien article du Nouvel Obs. sur Saint-Claude
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Un ancien article du Nouvel Obs. sur Saint-Claude
SAINT-CLAUDE : LA PIPE S'ETEINT DOUCEMENT
Jadis à l'avant-garde des luttes ouvrières, techniquement ultratraditionaliste, l'industrie de la pipe a toujours négligé le marketing. Les cigarettes américaines et la lutte antitabac ont le reste
Saint-Claude : capitale mondiale de la pipe de bruyère. » Dès l’entrée du bourg, un panonceau affiche le principal titre de gloire du chef-lieu du haut Jura. Pendant des siècles, des pèlerins y venaient voir les reliques miraculeusement conservées de saint Claude, abbé du VIIe siècle. Les voyageurs d’aujourd’hui sacrifient à une autre religion et préfèrent à la visite de la cathédrale celle du Musée de la Pipe. La pipe au musée ? Sans doute, mais Saint-Claude en reste néanmoins le foyer encore incandescent. Du moins celui de la vraie pipe, en bruyère. En contrebas de la ville haute, s’étale sur les bords du Tacon le faubourg Marcel : nom prolétaire et paysages de première révolution industrielle. Comme le décor désuet des vieilles usines Chapuis et Comoy, avec ses grandes fenêtres quadrillées de bois, ses plaques publicitaires émaillées d’avant-guerre toujours accrochées aux murs et, dans tous les coins, des petites armoires à tiroirs ornées d’étiquettes jaunies, où les milliers de modèles disparus sont conservés avec autant de soin que les reliques de l’abbé Claude.
Plus de 95% des pipes achetées en France ont été fabriquées à Saint-Claude. Pourtant, les ouvriers pipiers n’y sont plus que 250, contre 6 000 à la fin du siècle dernier. Car la clientèle, peu à peu, s’est dissoute en fumée. A bout de souffle. Se souvient-on qu’il y a trente ans à peine, les petits messieurs des grandes écoles, émules de Sartre ou de Brassens, téléspectateurs de « Maigret » ou des « Cinq Dernières Minutes », fumaient volontiers la pipe pour prendre la pose ? Aujourd’hui, la bouffarde est devenue ringarde. Il n’y a plus que 700 000 Français à accepter la rude discipline du bourrage et du culottage. Et l’industrie de la pipe est devenue aussi confidentielle que les rites de la Confrérie des Maîtres Pipiers qui depuis 1966 accueille à Saint-Claude les plus ardents prosélytes du magique objet.
Depuis six générations les affaires sont restées en famille. Deux groupes contrôlent aujourd’hui le marché : Cuty-Fort, qui s’appuie sur la marque Chacom (Chapuis et Comoy), et Berrod-Regad, autour de la marque Butz-Choquin. Leurs dirigeants sont toujours apparentés aux fondateurs, ceux qui ont les premiers eu l‘idée de travailler la bruyère. Aux alentours de 1850, Saint-Claude est déjà connue pour ses tuyaux de pipe en corne. Mais les pipes elles-mêmes sont en terre cuite, fragiles et d’une longévité limitée. Selon la légende, un des artisans sanclaudiens, recevant du buis de la région pyrénéenne, serait tombé par hasard sur ce bois rose, aussi beau que facile à travailler. Depuis, rien n’a changé ou presque. La bruyère, aujourd’hui corse ou marocaine, arrive toujours à Saint-Claude sous forme d’ébauchons, dans lesquels seront taillées des pipes de toutes formes. Séchage, triage, calibrage, ébauchage, fraisage, ponçage : depuis un siècle, les ébauchons suivent un parcours inchangé.
Techniquement ultraconservatrice, mais patrie historique des coopératives « prolétariennes » ou « laborieuses », Saint-Claude est resté en tout cas à l’écart, à des années-lumière des exigences basiques du marketing. Chacom et Butz-Choquin exceptés (et encore ! ), les autres marques (Rop, Jeantet, Lacroix), pourtant prestigieuses aux yeux de rares connaisseurs, restent confidentielles. Il n’existe même pas de label de qualité. Le profane ne peut faire la différence entre le premier et le deuxième choix. Le projet d’une appellation « Saint-Claude Confrérie » n’a jamais vu le jour.
Ce déficit commercial ne date pas d’hier. En 1875, une partie de la famille Comoy émigre à Londres pour y devenir le premier fournisseur d’une marque alors réservée aux happy few : Dunhill, leader mondial né du savoir-faire jurassien Car les Anglais se fournissent à Saint-Claude, où ils achètent le meilleur choix. Lors de la grande crise, ils font main basse sur les plus grosses usines de la ville. En évitant de développer la notoriété de leurs fournisseurs. Aussi, quand les Français reprendront le contrôle des usines, il sera déjà trop tard. D’autant que la cigarette américaine, puis les lois antitabac éteindront doucement les feux de leur industrie.
Sans moyens ni marques phares, les pipiers français ne doivent compter que sur les détaillants pour recruter de nouveaux clients. Mais, quelques centaines de magasins spécialisés exceptés, comment maîtriser un circuit qui comprend plus de 20 000 bureaux de tabac, débitants avant d’être vendeurs ? Reste l’exportation. Celle-ci s’est considérablement développée dans les vingt dernières années. Sur une production annuelle de 700 000 pipes, plus de 400 000 sont vendues à l’étranger, essentiellement en Europe du Nord. Pas de quoi pavoiser : les pipes exportées sont les moins chères et les moins belles et, partout en Europe, les marchés sont en déclin. Aussi, pour survivre, certains se lancent timidement sur la voie de la diversification. Cuty-Fort (Chacom) réalise aujourd’hui plus du tiers de son chiffre d’affaires par la fabrication de lunettes en bois pour Cartier, ainsi que de tableaux de bord pour voitures. Lindustrie de la pipe se meurt. Seul un miracle de l’abbé Claude pourrait la ressusciter.
Bertrand Fraysse
Le Nouvel Observateur
Semaine du Jeudi 19 Août 1993.
Jadis à l'avant-garde des luttes ouvrières, techniquement ultratraditionaliste, l'industrie de la pipe a toujours négligé le marketing. Les cigarettes américaines et la lutte antitabac ont le reste
Saint-Claude : capitale mondiale de la pipe de bruyère. » Dès l’entrée du bourg, un panonceau affiche le principal titre de gloire du chef-lieu du haut Jura. Pendant des siècles, des pèlerins y venaient voir les reliques miraculeusement conservées de saint Claude, abbé du VIIe siècle. Les voyageurs d’aujourd’hui sacrifient à une autre religion et préfèrent à la visite de la cathédrale celle du Musée de la Pipe. La pipe au musée ? Sans doute, mais Saint-Claude en reste néanmoins le foyer encore incandescent. Du moins celui de la vraie pipe, en bruyère. En contrebas de la ville haute, s’étale sur les bords du Tacon le faubourg Marcel : nom prolétaire et paysages de première révolution industrielle. Comme le décor désuet des vieilles usines Chapuis et Comoy, avec ses grandes fenêtres quadrillées de bois, ses plaques publicitaires émaillées d’avant-guerre toujours accrochées aux murs et, dans tous les coins, des petites armoires à tiroirs ornées d’étiquettes jaunies, où les milliers de modèles disparus sont conservés avec autant de soin que les reliques de l’abbé Claude.
Plus de 95% des pipes achetées en France ont été fabriquées à Saint-Claude. Pourtant, les ouvriers pipiers n’y sont plus que 250, contre 6 000 à la fin du siècle dernier. Car la clientèle, peu à peu, s’est dissoute en fumée. A bout de souffle. Se souvient-on qu’il y a trente ans à peine, les petits messieurs des grandes écoles, émules de Sartre ou de Brassens, téléspectateurs de « Maigret » ou des « Cinq Dernières Minutes », fumaient volontiers la pipe pour prendre la pose ? Aujourd’hui, la bouffarde est devenue ringarde. Il n’y a plus que 700 000 Français à accepter la rude discipline du bourrage et du culottage. Et l’industrie de la pipe est devenue aussi confidentielle que les rites de la Confrérie des Maîtres Pipiers qui depuis 1966 accueille à Saint-Claude les plus ardents prosélytes du magique objet.
Depuis six générations les affaires sont restées en famille. Deux groupes contrôlent aujourd’hui le marché : Cuty-Fort, qui s’appuie sur la marque Chacom (Chapuis et Comoy), et Berrod-Regad, autour de la marque Butz-Choquin. Leurs dirigeants sont toujours apparentés aux fondateurs, ceux qui ont les premiers eu l‘idée de travailler la bruyère. Aux alentours de 1850, Saint-Claude est déjà connue pour ses tuyaux de pipe en corne. Mais les pipes elles-mêmes sont en terre cuite, fragiles et d’une longévité limitée. Selon la légende, un des artisans sanclaudiens, recevant du buis de la région pyrénéenne, serait tombé par hasard sur ce bois rose, aussi beau que facile à travailler. Depuis, rien n’a changé ou presque. La bruyère, aujourd’hui corse ou marocaine, arrive toujours à Saint-Claude sous forme d’ébauchons, dans lesquels seront taillées des pipes de toutes formes. Séchage, triage, calibrage, ébauchage, fraisage, ponçage : depuis un siècle, les ébauchons suivent un parcours inchangé.
Techniquement ultraconservatrice, mais patrie historique des coopératives « prolétariennes » ou « laborieuses », Saint-Claude est resté en tout cas à l’écart, à des années-lumière des exigences basiques du marketing. Chacom et Butz-Choquin exceptés (et encore ! ), les autres marques (Rop, Jeantet, Lacroix), pourtant prestigieuses aux yeux de rares connaisseurs, restent confidentielles. Il n’existe même pas de label de qualité. Le profane ne peut faire la différence entre le premier et le deuxième choix. Le projet d’une appellation « Saint-Claude Confrérie » n’a jamais vu le jour.
Ce déficit commercial ne date pas d’hier. En 1875, une partie de la famille Comoy émigre à Londres pour y devenir le premier fournisseur d’une marque alors réservée aux happy few : Dunhill, leader mondial né du savoir-faire jurassien Car les Anglais se fournissent à Saint-Claude, où ils achètent le meilleur choix. Lors de la grande crise, ils font main basse sur les plus grosses usines de la ville. En évitant de développer la notoriété de leurs fournisseurs. Aussi, quand les Français reprendront le contrôle des usines, il sera déjà trop tard. D’autant que la cigarette américaine, puis les lois antitabac éteindront doucement les feux de leur industrie.
Sans moyens ni marques phares, les pipiers français ne doivent compter que sur les détaillants pour recruter de nouveaux clients. Mais, quelques centaines de magasins spécialisés exceptés, comment maîtriser un circuit qui comprend plus de 20 000 bureaux de tabac, débitants avant d’être vendeurs ? Reste l’exportation. Celle-ci s’est considérablement développée dans les vingt dernières années. Sur une production annuelle de 700 000 pipes, plus de 400 000 sont vendues à l’étranger, essentiellement en Europe du Nord. Pas de quoi pavoiser : les pipes exportées sont les moins chères et les moins belles et, partout en Europe, les marchés sont en déclin. Aussi, pour survivre, certains se lancent timidement sur la voie de la diversification. Cuty-Fort (Chacom) réalise aujourd’hui plus du tiers de son chiffre d’affaires par la fabrication de lunettes en bois pour Cartier, ainsi que de tableaux de bord pour voitures. Lindustrie de la pipe se meurt. Seul un miracle de l’abbé Claude pourrait la ressusciter.
Bertrand Fraysse
Le Nouvel Observateur
Semaine du Jeudi 19 Août 1993.
Invité- Invité
Re: Un ancien article du Nouvel Obs. sur Saint-Claude
La partie conernant le fait que Dunhill se fourni a Saint-Claude est sujette à caution....
Du moins j'ai souvenir d'avoir lu des débats houleux sur le sujet.....
Du moins j'ai souvenir d'avoir lu des débats houleux sur le sujet.....
Mouton carnivore- Nombre de messages : 9
Age : 40
Localisation : Aix en Provence
Date d'inscription : 16/06/2009
Re: Un ancien article du Nouvel Obs. sur Saint-Claude
euh... de source sûre (et sanclaudienne), st-Claude fournit des têtes à Dunhill.
Re: Un ancien article du Nouvel Obs. sur Saint-Claude
Woui, woui et de partout où ils peuvent.
Alain- Administrateur
- Nombre de messages : 6052
Age : 62
Localisation : Moselle
Date d'inscription : 06/11/2008
Re: Un ancien article du Nouvel Obs. sur Saint-Claude
Bonsoir,
Dunhill achète des têtes prétournées dans toute l’Europe (non seulement en France, mais également au Danemark et en Italie) ; la finition et les tuyaux par contre sont faits en Angleterre. Ce qui fait la particularité d’une Dunhill, entre autre, c’est que le tuyau (en ébonite allemande de grande qualité) est fait à la main en fonction de chaque tête.
Dunhill achète des têtes prétournées dans toute l’Europe (non seulement en France, mais également au Danemark et en Italie) ; la finition et les tuyaux par contre sont faits en Angleterre. Ce qui fait la particularité d’une Dunhill, entre autre, c’est que le tuyau (en ébonite allemande de grande qualité) est fait à la main en fonction de chaque tête.
Invité- Invité
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