Nettoyage d'une pipe en terre

Lorsqu'une pipe en terre est par trop grisaillée, défraichie, son aspect n'est plus forcément très esthétique et, qui plus est , une partie de cette coloration provenant plus des affres du temps que de l'usage du tabac, ce n'est pas toujours ragoutant. Il est possible de remettre à l'état neuf une telle pipe en la chauffant très fortement. La plupart des du temps, on parle de nettoyer les pipes en terre en les plaçant au feu, tout simplement au milieu des buches dans la cheminée. Ce n'est pas sans risque et tient, la plupart du temps du folklore, même placée au milieu des cendres, un point chaud peut faire éclater la pipe et une zone plus froide laisser trace d'une partie des colorations. Le four à pyrolyse permet de palier ces aléas et, bien maîtrisé, donne d'excellents résultats. ATTENTION, toutefois, la pipe revient à l'état neuf quelque soit son état et toute trace de patine disparait inexorablement. On ne peut traiter sans risque que des pipes sans fissures ni lèpre, sans partie métallique, résine colle ou liège. On prendra soin de retirer tout cela si nécessaire avant traitement.
  Je nettoie régulièrement les pastilles en terre à pipe de mes pipes cigare et bombardes et occasionnellement mes pipes en terre non vernissées saturées ou d'occasion au four à pyrolyse sans rien abîmer depuis plus de 30 ans. Même les pipes émaillées et les pipes à double paroi se nettoient très bien ainsi sans aucun problème (à condition toutefois qu'elles ne soient pas fendues ou faïencées). Pour les pipes à double paroi, je ne saurais que trop conseiller de les passer à four moyen (150 à 180 °C) une bonne demi heure afin de s'assurer d'un bon séchage avant la pyrolyse. Une fois refroidie, on chassera la poudre blanchâtre, cendre des impuretés déposées entre les parois, d'une pipe à double paroi avec de l'air comprimé. Le nettoyage au feu est plutôt déconseillé car il est difficile de gérer d'éventuels points chauds et le séchage de la pipe qui, humide, pourrait exploser.
En cas de vernissage disgracieux, j'ai obtenu des résultats satisfaisants : disparition du "brillant" et obtention d'une coloration résiduelle ténue et uniforme avec, parfois, un peu de poudre blanchâtre à essuyer en les passant à la pyrolyse. Le résultat restant satisfaisant par rapport à un état initial peu présentable.
Les pipes en terre rouge se colorent beaucoup moins, leur non coloration vient principalement de leur vitrification partielle liée à la présence des oxydes les colorants ce qui les rends moins poreuses.

Coloration décorative

Pour le reste, au sortir du four à pyrolyse (à chaud, à condition d'avoir débrayé le dispositif de blocage de la porte avant la mise en pyrolyse) il est possible de colorer la pipe, soit en brun ou noir en la plongeant directement dans une boite métallique garnies de sciure fine que l'on referme hermétiquement aussitôt ou de couleurs variées pouvant aller au bleu ou au vert avec des poudres d'oxyde métallique (contenant du cuivre rouge ou jaune pour le bleu et le vert) comme on le fait dans le cas du Raku. Dans le cas de coloration à la sciure, la coloration est réversible, il suffit de repasser la pipe en pyrolyse pour la ramener à l'état initial. Il est conseillé de boucher sommairement le foyer avec un tampon de laine de fer juste avant de la plonger dans la sciure ou les oxydes, la 00 convient parfaitement pour éviter la coloration à l'intérieur du bol. C'est quasi indispensable pour les oxydes métalliques qui peuvent être nocifs et donner un goût désagréable.

Cette méthode est encore utilisée par Prungnaud à Saint Quentin la poterie et par Markus Fohr qui réalise des pipes en terre traditionnelles à l'aide de vieux moules familiaux.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Prungnuad obtient des colorations à la sciure de bois gris clair à gris moyen tandis que Fohr, adjoignant des oxydes métalliques dans ses sciures obtient des colorations allant du marron foncé au gris très sombre. Il réalise aussi des colorations à l'oxyde métallique en solution appliquée par trempage ou au pinceau avant recuisson au four potier de la pipe, les couleurs sont alors beaucoup plus franches et l'on obtient des noirs intenses. Cette technique n'est pas accessible à tout un chacun : il faut pouvoir utiliser un four montant à 950-1150°C et que le propriétaire du four accepte que l'on y fasse des cuissons d'oxydes métalliques qui ne sont pas toujours sans conséquence sur les cuissons ultérieures . . .

Décoration par engobage