Pré-tounée...quid?

Arthur a écrit:.../...
Ce qui me consterne c’est les volontés de démontrer je ne
sais quoi, de manière tout à fait irréfléchie. Comme si on pouvait nier
que Chacom fabrique des pipes de série taillées avec des machines ?
C’est insensé et même totalement contreproductif pour cette société
puisqu’une stratégie commerciale doit être claire, on vous offre un tel
produit à un tel prix et pas autre chose.

Il va sans dire, que contrairement à mon teckel, ils ne taillent pas le bois avec leurs dents mais utilisent des machines tournantes. Ces machines sont issues d'une tradition multiséculaire de tournerie. Tout d'abord réalisées en bois depuis le moyen âge, elles ont, peu à peu, été réalisées en métal et bois puis en métal dans le courant du 19ième siècle. Hormis la mise en place des moteurs sur les antiques battis elles n'ont pas reçu de transformation notable depuis. La conception de ces machines les rends extrêmement modulables, les tours sont capables de réaliser 5 opérations simultanées, les rapes et varlopes intègrent la possibilité de travailler à facette, en ovale ou en cône. Un temps important est nécessaire au réglage précis de la machine, par contre, une fois la machine calée, chaque opération est réalisée en quelques secondes. La taille, au calibre, des ébauchons permet de réduire le temps de mise en place et garanti une reproductibilité absolue d'une tête à l'autre. Les leviers commandant le déplacement des chariots sur les machines sont actionnés à la main, dotés d'un ou plusieurs degrés de liberté suivant les opération effectuées, en ce cas les opérations sont séquentielles ou liées, toujours dans le soucis d'une reproductibilité absolue. La machine réglée il est aisé de réaliser des séries par grosses entières voire même par centaines de douzaines. Comme dans tout travail de tournerie, l'opérateur à soin de contrôler l'état de surface de chaque pièce, une dégradation indiquant un affutage nécessaire des lames. Le respect de la forme à l'affutage est contrôlé sur gabarit et l'outil est recalé à son exacte position à l'aide d'une tête de réglage. Les têtes passent d'un poste à l'autre passant d'ébauchon à tête prête à monter et chaque opérateur effectue la tache qui lui incombe. Une fois la série finie on démonte les lames et les stocke avec les têtes de réglages. pas de machine de production, de travail à la chaîne, de chaîne de fabrication . . . Un travail corporatif, mécanisé, coopératif. Les machines ont été créées à Saint Claude et les fabriques possédaient leur propre forge et leurs outilleurs. Certaines opération de fraisages, le ponçage et le polissage sont réalisés à l'arbre, pièce à la main, tout le reste est réalisé sur des machines à commandes manuelles sauf le râpage d'angle sur les grosses séries . . . Les opérations de finition sont celles qui prennent le plus de temps dans la fabrication, il est difficilement envisageable de les mécaniser, les machines nécessaires à la taille sont existantes, fiables, adaptables et payées de longue date, du personnel est formé à la fabrication de l'outillage, pourquoi diantre, se lancer dans l'acquisition de matériel couteux pour lequel le personnel n'est pas qualifié ? ? ?

Ce que l'on cherche désespérément à t'expliquer, Gaël tout comme moi c'est que , contreproductif ou pas, les pipiers de Saint Claude et les deux dernières fabriques, dont Chacom fabriquent tous des pipes de série, grande ou petite, taillées avec des machines qui ont plus d'un siècle pour la plupart. Que cette contre-productivité, basée sur le respect de tradition séculaires fait partie de la carte de visite de Saint Claude et que dans un marché en récession constante depuis plusieurs décennies elle a permis à quelques uns de survivre et de perpétuer la tradition. Cette stratégie commerciale, que tu trouve abstruse doit nécessairement satisfaire nos amis anglais, conscients qu'on leur offre un tel
produit à un tel prix et pas autre chose, sinon il y beau lieu qu'ils eussent étés gagnés par les affres de la productivité et se fourniraient ailleurs à plus bas prix (parait qu'il y a pleins de machines de tournerie en Chine abbandonnées au retour des fabriquants de jouet en bois dans le Jura).