Brocantes et art du bois

Bien le bonjour.

Histoire de ne pas transformer petit à petit ma modeste Cogolin en gloubiboulga de saveurs, j'ai décidé de lui trouver des camarades de jeu, histoire de segmater mes différents tabacs. Radin et désœuvré, je me suis orienté vers les potentielles bonnes trouvailles en vide-greniers

Bilan du furetage de ces dernières semaines : deux prises pour 5+3 euros. On a vu plus dispendieux.

La première lauréate, une petite Chacom :

Salut, moi c'est Chicard

La dame était dans une état honorable, pour une pipe ayant probablement vu défiler des tombereaux de tabac et un propriétaire qui doit croquer du charbon au petit déjeuner. Ce qui ne m'a pas empêché de faire le malin et de décider de lui donner une seconde jeunesse. Tiens, t'as qu'à croire. J'ai d'abord fait dans le classique : curetage au canif, gros sel+alcool, chenillette à volonté. Jusque là tout va bien. Les choses se sont gâtées lorsque j'ai décidé de m'attaquer au bois, qui avec le recul ne m'avait strictement rien fait. Peu importe, la tête aussi brûlée que le culot de mes pipes, je m'attaque au gros œuvre. Equipé d'à peu près rien. Et c'est à partir de là que les choses se gâtent. J'ai donc attaqué la malheureuse avec du papier silex qui dormait dans le coin d'un placard (et destiné il fut un temps à une étagère IKEA qui ne méritait pas tant d'égard et de sueur) et probablement trop rugueux pour une bruyère aussi vénérable. Baste, je décape quand même tout ce qui ose ressembler à du vernis. C'est laid mais il en faut plus pour m'arrêter. J'enchaîne la deuxième étape avec de la paille de fer un tampon à récurer en provenance directe de ma cuisine. Au Moyen Âge, je crois que j'aurai été celui qui fonce sur l'ennemi en hurlant et faisant tournoyer une masse d'arme la bave aux lèvres. Troisième étape, utilisation d'un abrasif doux avec du bicarbonate de soude histoire de tenter de réparer un peu les rayures faites et qui ne sont pas sans rappeler les paysages que l'on rencontre dans le Colorado. C'est un poil plus propre. L'aspect est (relativement) lisse mais la surface a une espèce de voile pâle qui ne donne pas envie de sortir sa bouffarde en soirée. Que me reste-t-il dans mon placard de d'ébéniste-boucher ? Un pot intact d'encaustique initialement destiné à l'étagère sus-nommée (que ne le méritait définitivement pas). C'est parti pour une séance de caresses longues et délicates. Après séchage et angoisse, la catastrophe annoncée semble avoir été évitée dans les grandes lignes. J'ai donc pu entamer avec prudence un culottage au gris en espérant ne plus faire d'autres sortie de piste. Quoique cela s'annonce un peu mal, le trou de tirage semble se boucher très facilement et la tige refuse le passage à mes chenillettes (du à la forme de la pipe je suppose). Et je pense avoir perdu une grande partie des membres de ce forum qui doivent réclamer ma tête après lecture de ce paragraphe.


J'ai donc joué la carte de la prudence pour la seconde dame :


Salut, moi c'est Vorbis

Pour celle-ci, j'ai évité de jouer les Gengis Khan de la bouffarde. Déculotage, décrassage, lustrage à l'huile d'olive et basta. Et je crois qu'elle m'en remercie. Elle se fume plutôt bien : le foyer est assez profond et le tirage très bon. En revanche, elle reste un mystère. Le bois est estampillé "Dr Berger - Anti Nicotine" (la bonne blague). Sauf que le poinçon du tuyau semble correspondre à un tout autre pipier. La base de données pipephil.eu est peu loquace, ne me donnant qu'un Lord Britton qui ne me convainc que moyennement. Je soupçonne un échange de tuyaux au cours de son histoire. Les experts du forum peuvent peut-être éclairer ma lanterne ?

Pour ce prix je pense que tu as fait une bonne affaire, pour l'entretien .... je crois que tu est un fou furieux ! ahahahahahah



Donne-nous des nouvelles quand tu les auras fumé un peu (si elles seront encore en vie !)

Fungus a écrit: Au Moyen Âge, je crois que j'aurai été celui qui fonce sur l'ennemi en hurlant et faisant tournoyer une masse d'arme la bave aux lèvres.

Ceux qui connaissent Kaamelott verront à coup sûr l'image du précieux Bohort dévalant la pente du bois et dépassant à la course et en hurlant Arthur et Léodagand interdits, jaugeant de loin un ennemi bien trop nombreux.

Mécréaaaaaaaaaaaaants !

Tiens, je vous ai retrouvé le passage en question :

Mécréaaaaaants !

Je savais qu'on pouvait se geler avec des pétards, avec à peu près n'importe quoi, en fait. Mais j'aurais jamais cru que quelqu'un chercherait à en faire autant en traitant une bouffarde à l'encaustique. Quoique, à bien y penser, c'est sans doute ce que faisait Picasso quand il a peint les demoiselles d'Avignon. Es-tu sûr de vouloir fumer ça? je trouve ça triste parce qu'elle avait de la gueule, cette bouffarde. Et un bien joli bois.